lundi 4 juillet 2011

Notre cousinade

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Eh oui, la fête est finie ! Cette cousinade tant attendue est maintenant derrière nous. Il nous en reste des images, des senteurs, des goûts, des voix et des contacts.

En premier lieu, la beauté de la Corse, plaisir toujours renouvelé. Notre approche de Marignana se fit par la Balagne, ses villages haut perchés, où le minéral des bâtis et des roches le dispute à la luxuriance du règne végétal. À Pigna, déjà Luc-Gabriel perçait sous les voix des chanteurs. L’Île-Rousse, juste avant l’invasion des juilletistes et des aoûtiens, s’était faite belle. Les clics du Nikon commencèrent à crépiter.

À Chidazzu, le Canon de Marc s’ajouta pour fixer “ad eternam” les visages des Viviani, qui posant, qui causant, qui chantant, souriants et heureux, communiants dans la souvenir des ancêtres. Notre arbre généalogique, nos quartiers de noblesse, ce sont ces générations aujourd’hui disparues qui s’instillent dans nos âmes comme chez ceux de la Haute !

Au sommet, Théodosio le premier exilé courageux, a laissé sa Toscane natale, incapable de le nourrir, avec pour tout bagage son baluchon et son art de concasser les pierres sèches comme des coups de triques, pour accoster sur l’île de Beauté. Bientôt marié à une insulaire, il fonda notre dynastie. Grâce à Gabriel et son épouse, les cris de Louis, puis ceux de Jean, de Virgil, de Jeanne et enfin de Ferdinand éclatèrent pour égayer les journées du fier et sauvage village des Deux-Sevi, blotti entre la forêt d’Aïtone et la réserve de Scandola (à laquelle l’UNESCO rendra justice… beaucoup plus tard…)

La Guerre, celle que l’on qualifia de Grande, les transporta vers le froid et la boue, loin du chaud soleil de Cyrnos. Mon grand-père Louis pendant sept ans guerroya. Rescapé de cette boucherie (et de la grippe espagnole), la France reconnaissante le décora : la médaille de guerre fut fixée à sa poitrine. De retour à la condition civile, le héros la fixa au cou du chien. Il fallait travailler pour vivre, il devint garçon de café, puis un jour prit le taxi, comme chauffeur, entendons-nous. Le reste de la fratrie bientôt le rejoignit. Ils devinrent naturellement chauffeurs de taxi ! La progéniture s’agrandit et ce fut la génération de mes parents.

Les aînés à vingt ans vécurent la guerre eux aussi, mondiale comme la première : l’occupation, les privations, les camps pour certains comme mon oncle Loulou, prisonnier en Prusse. À la Libération, retentirent les premiers cris des baby-boomers que nous sommes : notre jeunesse fut celle des trente glorieuses, notre guerre, seulement… celle de mai 68, quelle chance ! Enfin le vingtième siècle, l’âge des extrêmes, laissa place au suivant. Les enfants des baby-boomers firent des enfants… ils continuent et prospèrent.

Le temps était donc venu de célébrer nos retrouvailles et nous le fîmes ce dimanche de Pentecôte 2011, chez Carole et Luc-Gabriel. Tous n’ont pu être à ce premier rendez-vous… nous les espérons à la prochaine cousinade.

L’odeur du maquis et les senteurs de Marignana nous ont conquis. La présence animale en ce lieu nous a surpris : cochons, vaches et chèvres en liberté et face à la maison de Charlotte, où nous gîtions, le rendez-vous des chats et des chiens. Les parfums des mille fleurs et plantes du maquis. Mention spéciale pour l’immortelle a murza dont la senteur prégnante fait l’office de la petite madeleine proustienne.

Au rayon, “goût“ parlons gastronomie : la pizza domina, les bastelle* suivirent. Les tartes et les beignets de Françoise ravirent nos papilles. Les vins de Corse, enfin, adoucirent les esprits échauffés comme la musique ?

Nous nous saluâmes, nous nous embrassâmes, nous papotâmes… ces contacts se transformèrent en échanges d’adresses électroniques afin de nous retrouver à distance pour ne pas perdre le sens du toucher.

Que manque-t-il encore pour que la fête soit célébrée dans toutes ses dimensions sensorielles ? le sens de l’ouïe, oui, oui !

La musique eut une place de choix et nos oreilles de citadins chahutées de mille sons connurent la pureté du chant a cappella que notre cousin Luc manie à merveille. Rossignol et merle chanteur, il célèbre la beauté du monde en langage polyphonique : harmonie des langues “corse, italienne, latine et même anglaise“.

Car le fleuron de notre cousinade fut le ravissement de nos oreilles, le chant corse entra dans nos âmes par le truchement de la voix de Luc-Gabriel. Tout noir, alors que nous attendions monsieur “tout blanc” il commença un discours dit introductif devant la petite église de Chidazzo. Puis, à l'intérieur, les chants résonnèrent en harmonie avec la fresque de Saint François-Xavier. L’émotion palpable devint intense, l’alchimie du chant prit, la fusion s’opéra. Merci à Luc… et à Carole qui mit sa touche élégante et légère (oiselle voltigeant avec grâce) à cette fête VIVIANI décidément inoubliable. Alléluia !

Et les images ?
Les photos de Marc : 1, 2 et 3
Les photos de Claude  : 1 et 2.
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bastella est un nom féminin corse, son pluriel est bastelle (Luc-Gabriel)
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